mercredi 28 mars 2012

Passons sur l'autre rive

Lac de Tibériade, vu d'Israël
cc_WikiCommons
Or, un jour il monta en barque avec ses disciples; il leur dit: «Passons sur l'autre rive du lac», et ils gagnèrent le large. (Luc 8:22)
Le Christ prend avec lui ses disciples, et cherche à rejoindre l'autre côté du Lac (de Tibériade). Sait-il seulement ce qui l'attend ? Une tempête gronde, et Jésus l'apaise. Un possédé, Gérasénien, est libéré, et Jésus lui demande raconter tout ce qu'il a fait pour lui.

Tibériade chez Luc est aussi le lieu où se déroula la pêche miraculeuse. Chez Jean, c'est là que le 'Christ cuisinier' se montrera (Jean 21,9) pour la dernière fois, sur cette rive où les disciples ne le reconnaissent pas.

L'autre rive est ce que l'on aperçoit quand on n'ose pas faire un pas en avant, quand la peur ou la réserve nous empêche de nous ouvrir à la relation. Aussi étrange que le lien humain puisse être, il reste possible avec chacun, comme le Christ nous le montre avec le Gérasénien. Un possédé 'délié' (Marc 5,3), mais pas libéré. En passant sur l'autre rive, la perspective est inversée, nous voilà devenus étrangers. Y compris à nos proches, qui ne comprennent plus nos actes ; nul n'est prophète en son pays ! (Luc 4, 24) Le Christ lui-même n'est pas reconnu par ses disciples...


Notre vie en séparation relative, jamais absolue, du monde, nous pousse à voir cet épisode biblique à la fois comme une chance et comme un avertissement. Cette chance, c'est celle de pouvoir compter sur un Christ qui apaise nos tempêtes, un Christ qui comme Jean-Baptiste dans le désert prépare nos sentiers. C'est aussi la chance d'être mûs par l'Esprit de Dieu pour aller ailleurs, pour oser franchir les eaux-frontières de notre confort, de nos préjugés, de nos certitudes, pour témoigner d'un Dieu aimant, soucieux des plus petits, des plus torturés. En cultivant la confiance envers le Seigneur, nous voici libérés de nos peurs, emmenés sur d'autres rivages. L'avertissement est qu'il ne s'agit jamais d'une plénitude béate et acquise : le risque reste présent de ne plus reconnaître l'autre, de ne plus lui offrir notre regard, de ne plus nous faire proches de Dieu et de ceux qui nous entourent.

L'Evangile nous invite à l'équilibre, entre marche en avant, passage sur l'autre rive, ouverture à l'étranger et habitudes qui risquent de nous détourner de Dieu présent à nos côtés. Au coeur de nos vies, nous essayons d'entretenir cet équilibre entre ouverture au monde, et 'recentrement' pour mieux apercevoir le Christ qui cuisine pour nous ! Nous souhaitons être des veilleurs, mais des veilleurs actifs et ouverts à ceux et celles qui crient, comme Légion, Multitude, pour être libérés. Afin que des tombeaux ils et elles puissent retrouver les chemins et les villes...


             

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